LE GRAND CIRQUE AQUATIQUE
Laurent Steppé (Belgique)
Un jour, on leur a dit qu’il valait mieux ne plus exercer leur métier avec des animaux sauvages.
De père en fils, de génération en génération, la famille Anderson s’était illustrée dans son grand cirque aquatique.
Dauphins, chacals, phoques, otaries : autant de partenaires de jeu, de compagnons de scène, jusqu’à ce funeste 19 décembre 2013.
Ce jour-là, le couperet tomba : une interdiction, jugée nécessaire, mit fin à une pratique désormais considérée comme hors du temps, hors d’une époque.
Il fallut alors s’adapter, reconstruire, redéfinir ce qu’était le cirque aquatique.
De mémoire d’homme, nul n’aurait imaginé faire autre chose.
Puis vint la crise financière.
Puis la pandémie.
Les intermittents du spectacle, jugés « non essentiels », disparurent peu à peu, certains se noyant symboliquement dans les eaux douces de l’oubli.
Du cirque Anderson, il ne reste plus qu’un nom, un homme : le vaillant Arestrup.
Lui seul continua, même après la loi du 26 octobre 2022 qui réduisit drastiquement l’usage de l’eau à des fins non essentielles.
Contre vents, marées et sécheresses, il persista.
Et ce soir, mesdames et messieurs, pour vous :
Le Grand Cirque Aquatique — sans animaux, et sans eau.(enfin une petite partie seulement….)